Dix ans après Puisseguin, un outil pour sauver des vies
Conçu par une société basque, testé en Charente-Maritime, un marteau électronique vise à permettre l’évacuation d’un bus en quelques secondes […]
Conçu par une société basque, testé en Charente-Maritime, un marteau électronique vise à permettre l’évacuation d’un bus en quelques secondes : le système est rentré en phase industrielle
Jean-Charles Galiacy – SUD OUEST
Sans doute le dispositif aurait sauvé bien des vies lors de a l’accident de Puisseguin. Près de dix ans après la terrible collision entre un car et un camion ayant coûté la vie à 43 personnes dans le Libournais, en Gironde, un brise-vitre électronique pourrait s’imposer dans les bus français et radicalement changer la sécurité de ses passagers en cas d’évacuation.
Conçu par la société basque Aguila Technologies, expérimenté dans une partie de la flotte de Keolis Littoral en Charente-Maritime, « Breakee » vise à supplanter les traditionnels marteaux rouges. Le mode d’emploi, « intuitif et sans effort », consiste à appuyer sur un simple bouton pour faire voler en éclat les vitres et dégager des issues de secours. Soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine, qui en faisait la promotion hier lors d’une conférence à Bordeaux, le système est rentré dans une phase d’industrialisation.
«Techforlife»
À Puisseguin, « la vie ou la mort s’est jouée en trois minutes», rappelle Danièle Gauvin, la présidente du collectif des victimes de l’accident, dont on commémorera le 10 anniversaire en octobre prochain. « On a retrouvé la majorité des corps sous l’allée centrale qui s’est effondrée.» La plupart des victimes n’ont pu s’échapper, piégées par les flammes, finalement intoxiquées par l’oxyde de carbone et le cyanure d’hydrogène. « Les rescapés ont tous retenu leur respiration», ajoute Danièle Gauvin, qui a également rapporté hier le témoignage de l’un d’entre eux, le seul s’étant défenestré: «Il avait décrit de graves difficultés à briser la fenêtre avec le marteau traditionnel, avant de réussir à s’extraire.»
Des vitres, la société Aguila, spécialisée dans la « tech for life » (technologie pour sauver des vies), en a concassé par paquets de dix au cours de la dernière décennie, depuis qu’elle travaille sur le sujet. Il en a fallu, des prototypes et des essais, pour accoucher d’un dispositif qui aujourd’hui fait l’objet d’un dossier déposé à la Direction générale de avait d’ailleurs fait une recommandation, mettant en avant l’ouverture de « fenêtres issues de secours » manœuvrable instantanément en cas d’évacuation.
« Un rescapé avait décrit de graves difficultés à briser la fenêtre avec le marteau traditionnel, avant de réussir à s’extraire »
l’énergie et du climat (DGEC) afin d’équiper, à l’avenir, l’ensemble des cars en circulation en France. À la suite du drame de Puisseguin, le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transports terrestres (BEA-TT) en avait d’ailleurs fait une recommandation, mettant en avant l’ouverture de « fenêtre issues de secours » manœuvrable instantanément en cas d’évacuation.
Made in Nouvelle-Aquitaine
Quelques secondes, donc, qui peuvent épargner des vies. « En trois minutes, il peut y avoir des blessés et certainement des décès, a insisté Renaud Lagrave, vice-président du Conseil régional chargé des transports. En trente secondes, normalement, on évite les pires choses. Il faut que les constructeurs prennent conscience de l’utilité de ce système voire de sa nécessité.» Un outil made in Nouvelle-Aquitaine: de son boitier rouge fabriqué à Cambo-les-Bains jusqu’à la pile qui l’alimente produite à Poitiers, tout est régional. «On n’est pas sur une solution parisienne, elle émane de nos territoires », sourit Hubert Forgeot, PDG d’Aguila. D’ici à la fin de l’année, plus de 130 bus de Charente-Maritime en seront notamment équipés.