D'après les données du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), la profession du transport routier a enregistré une moyenne de 73 jours pour un arrêt par accident du travail, et de 290 jours par arrêt maladie professionnelle en 2023. Ce qui représente 1.8% de taux d’inaptitude dans ce secteur. Ces chiffres récents, communiqués le 24 février 2024, relèvent d'une préoccupation croissante quant à la sécurité et à la santé des travailleurs dans le secteur du transport routier. Les longues périodes d'arrêt dues aux accidents du travail et aux maladies professionnelles mettent en évidence les défis de prévention, et d’anticipation des risques professionnels, c’est à dire les risques pour la santé et la sécurité des salariés dans le cadre de leur activité professionnelle.

Nous aborderons les enjeux de ces risques professionnels des conducteurs de bus et autocars, puis nous verrons quels sont les types de risques les plus fréquents et comment les prévenir.

1. Les risques professionnels des conducteurs, un enjeu pour le travailleur, et pour l’entreprise

Le secteur emploie environ 100 000 personnes, essentiellement des conducteurs à 84%. Mais ces conducteurs de transport en commun sont particulièrement exposés aux risques professionnels : accidents routiers, impact de la pollution environnementale urbaine, risques d’agression, conditions de travail,… ce qui aggrave les facteurs de risque inhérents à la conduite.

L'importance de cet enjeu est primordiale pour le salarié, car il concerne directement sa sécurité et sa santé au travail. Les risques professionnels encourus par les conducteurs de bus et d'autocar peuvent entraîner des conséquences allant des blessures physiques aux troubles psychologiques, ce qui compromet leur capacité à exercer leurs fonctions de manière efficace et durable, et altère la qualité de vie au travail des conducteurs. De plus, leur équilibre de vie entre travail et vie personnelle est très perturbé (horaires de nuit, travail le week-end, les jours fériés,…) et peut engendrer du stress complémentaire.

Au final, l’entreprise aussi est perdante dans tout cela : en exposant ses salariés à des risques professionnels, cela engendre des coûts significatifs. Ce qui se justifie par un turn-over élevé, les indemnités de congé maladie, les frais médicaux, la perte de revenus et la baisse de productivité due au remplacement des conducteurs absents. En effet, d’après AMELI, cela représente 350 000 journées de perdues en 2023.

Il devient donc crucial pour les deux parties de reconnaître les risques et conséquences liés aux transports routiers, et de les prévenir efficacement.

 2.Les principaux risques professionnels des conducteurs de bus et autocars

Selon le CNAM, 36% des accidents professionnels sont liés aux chutes, ce qui représente le facteur principal d’accident, 31% sont liés aux manutentions manuelles et 18% au risque routier. Ces faits représentent les 3 principales causes d’accidents du travail perçues dans le domaine des transports routiers.

Le tableau ci-dessous ressence les principales situations à risques, et leurs potentielles conséquences.

Il est à noter que ces risques professionnels sont amenés à varier en fonction du type d’exploitation du véhicule : conducteur d'autocar de ramassage scolaire, de transport de personnel, de transport urbain, qui effectuent des trajets sur de petites distances avec des arrêts fréquents, ou conducteur d'autocar de transport de touristes, de voyageurs sur de longue distance (régional, national ou international) avec peu d'arrêts. Ces conducteurs ont généralement plusieurs fonctions en simultané, avec les tâches de chauffeur, de bagagiste (chargement et déchargement des bagages) et de receveur (délivrance de billets, encaissement ou vérification des titres de transport).

Le métier de conducteur de bus et d'autocar comporte un certain nombre de risques professionnels qui nécessitent une attention particulière afin d'améliorer les conditions de travail des employés. Il convient de souligner que ces risques sont parmi les principales causes identifiées chez les conducteurs, mais qu'il existe également d'autres risques variés, qui différent d'une personne à l'autre.

3. Évaluez votre risque professionnel gratuitement

La mise en place du Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) est une obligation pour toutes les entreprises dès l'embauche du premier salarié. L'employeur y consigne les résultats de l'évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. Cette évaluation doit être régulièrement mise à jour, au moins une fois par an, conformément à la réglementation en vigueur.

Pour évaluer le risque professionnel dans votre entreprise, l'INRS et l'Assurance Maladie risques professionnels ont mis en place un outil en ligne d'évaluation des risques professionnels, gratuit et anonyme ! Pour chaque risque identifié, une liste de mesures de prévention est proposée. Il est également possible d'ajouter des risques ou des mesures en fonction de la situation de chaque entreprise.

Vous aurez à répondre à un questionnaire, structuré à partir des principales situations à risques identifiées pour votre entreprise. Il vous permettra d’obtenir un Document unique d’évaluation des risques (DUERP) sur mesure.

Évaluez votre exposition aux risques professionnels anonymement

Prendre conscience et s’informer sur cette exposition aux risques professionnels est une démarche très importante. Celle-ci permettra par la suite à l’entreprise, ou au salarié en fonction des situations, d’ajuster sa stratégie de prévention des risques.

4. Prévenir les risques professionnels avec des actions simples

Il existe divers moyens simples et efficaces de prévenir les risques professionnels tels que ceux abordés précédemment :

4.1 Prévenir les risques professionnels principaux :

-Assurez-vous d’abord d'installer des dispositifs de sécurité et des aides à la conduite dans les véhicules, et assurez une maintenance régulière.

-Après une période de conduite prolongée, il est également recommandé d'accorder un temps de récupération afin de permettre au corps de s'adapter progressivement aux mouvements et de ne pas se blesser.

-Au plus possible, organisez les déplacements en tenant compte des aléas de la circulation et limitez les durées de conduite de nuit lors de voyages en autocar par exemple.

-Équipez les bus d’aménagements contre les risques d’agression tels que la présence de caméras sur les lignes sensibles, la séparation du conducteur et des passagers par un écran, la pose de miroirs et caméra vidéo à l'intérieur du bus, l'équipement des autobus d'un radiotéléphone avec pédale d'urgence. Cela permettra au chauffeur de rouler plus sereinement et de se sentir plus en sécurité.

4.2 Opter pour du matériel sûr et adapté

-Aménagez un poste de conduite ergonomique (siège à suspension pneumatique réglable, boîtes de vitesse automatisées ou robotisées, grande gamme d'ajustements possibles) pour privilégier une posture correcte et réduire les contraintes subies.

-Choisissez des sols antidérapants dans les bus, et fournissez des chaussures de sécurité et des gants lorsque nécessaire pour les conducteurs.

-Installez tous le matériel et les dispositifs d’aide nécessaires pour les manœuvres du conducteur et lui permettre d’avoir une visibilité sur tous les angles du bus.

4.3 Former les conducteurs

Pour mieux prévenir, il est important d’alerter vos collaborateurs sur les risques potentiels, grâce à la formation et à l’information :

-Formation aux réglages du poste de conduite

-Formation sur la manière de faire face à une personne agressive, la gestion des conflits et du stress

-Formation PRAP (Prévention des Risques liés à l'Activité Physique) pour prévenir les risques liés aux manutentions manuelles pour apprendre les bonnes postures de travail, les positions articulaires adéquates, en appliquant les principes de base de sécurité physique et d'économie d'effort.

-Formation sur les risques et les consignes de sécurité aux nouveaux arrivants qui méconnaissent encore leur environnement de travail et sont plus vulnérables aux risques professionnels

-Formation sur les bonnes pratiques de santé et de sécurité : instructions générales sur divers sujets tels que l'hygiène alimentaire pour atténuer les troubles digestifs et limiter le surpoids, la conduite préventive dans des conditions difficiles (neige, verglas, montagnes), la nécessité de limiter les charges portées,…

4.4 Assurer une surveillance médicale des conducteurs

Chaque année, une visite médicale doit être prévue pour vérifier si l'état de santé des conducteurs de véhicules de transport en commun est compatible avec les exigences du poste, notamment en ce qui concerne la fonction visuelle.

Après évaluation individuelle, certains employés doivent bénéficier d'une surveillance médicale renforcée, comprenant des examens spécifiques tels que des radiographies du rachis lombaire pour ceux exposés aux vibrations, des analyses sanguines, des tests d'audiométrie, etc.

Dans un contexte de risques professionnels élevés dans le domaine du transport, nous pouvons significativement voir que la stratégie de prévention vis-à-vis des salariés est à renforcer, en appréciant à la fois l'environnement matériel et technique.  Tout cela dans l’objectif d’assurer une meilleure sécurité des conducteurs dans leur activité professionnelle, ainsi que dans leur bien-être au quotidien.